4 octobre 1957, 19:28:34 UTC
13,97 kg (30,80 lb)
111 jours
Army Ballistic Missile Agency (ABMA)
Jet Propulsion Laboratory (JPL)
Initialement, les politiques et les militaires soviétiques voulaient des missiles intercontinentaux dans le cadre de leur confrontation avec l'Occident; le missile R-7 en préparation devait être utilisé pour lancer les bombes atomiques.
Le projet d'utiliser le missile R-7 comme lanceur spatial commence après que Sergueï Korolev ai expliqué la possibilité d'envoyer un laboratoire orbital appelé Objet D au premier secrétaire du parti communiste, Nikita Khrouchtchev lors d'une inspection en janvier 1956. Il était donc possible de profiter du lanceur R-7 pour faire un exploit dans le domaine scientifique qui permettrait aux Soviétiques de doubler les États-Unis qui avaient entrepris des tests en vue de lancer un satellite dans le cadre de l'Année géophysique internationale de 1957-1958. Le projet D, trop ambitieux, prit du retard, et le développement d'un engin de petite taille fut décidé un an après.
Les cinq premiers tirs de la fusée avaient tous été des échecs. Mais les deux derniers d'entre eux validaient le lanceur lui-même, le problème rencontré étant la dislocation de l'étage supérieur de la fusée. Face à la possibilité, d'après les services de renseignement soviétiques, d'un essai américain, il fut décidé de lancer le satellite PS-1, logé dans une coiffe plus légère, à la date du 6, puis du 4 octobre.
Il s'agissait d'une petite sphère d'aluminium de 58 centimètres de diamètre, pesant 83,6 kg dotée de quatre antennes2,1. La sphère était constituée de deux coques, l'externe servant de protection thermique, la seconde étant pressurisée.
L'intérieur de la sphère contenait de l'azote à une pression légèrement plus élevée que la pression atmosphérique à la surface de la Terre (1,3 atmosphère). Elle contenait les batteries au zinc-argent, des capteurs de pression et de température, un émetteur radio et un ventilateur refroidissant les équipements.
En 1954, l’United States Army et l’United States Navy proposent de placer un satellite scientifique sur orbite terrestre à l'occasion de l'année géophysique internationale. Ce projet, connu sous le nom de projet Orbiter (en), sera rejeté au profit du programme Vanguard5.
À la suite du lancement par l'Union soviétique du satellite Spoutnik 1 le 4 octobre 1957, le projet Orbiter est rétabli comme programme Explorer par le secrétaire de la défense Neil McElroy (en) pour rattraper l'URSS dans la conquête de l'espace6.
Explorer 1 est conçu et fabriqué par le Jet Propulsion Laboratory (JPL), tandis que le missile Jupiter-C est adapté par l'Army Ballistic Missile Agency (ABMA) pour pouvoir emmener une charge utile sur orbite ; le lanceur résultant est connu sous le nom de Juno I. Travaillant étroitement ensembles, l'ABMA et le JPL modifient le missile Jupiter-C et construisent le satellite Explorer 1 en 84 jours. Cependant, avant la fin des travaux, l'Union Soviétique lance un deuxième satellite, Spoutnik 2, le 3 novembre 1957. Aussi, la tentative de l'US Navy de placer le premier satellite américain Vanguard TV3 sur orbite se solde par un échec le 6 décembre.
Exploit technique tout autant que fantastique coup de propagande durant la guerre froide, ce lancement fut un choc pour les États-Unis, et remettait en cause leur prédominance dans le domaine scientifique. Les militaires américains furent atterrés car les radars leur avaient appris (ils turent alors cette information) qu'outre le satellite, la fusée porteuse avait mis en orbite son corps central. Les Soviétiques avaient donc la capacité de lancer des missiles balistiques emportant des armes nucléaires, et pouvant frapper le continent américain. Cette fusée porteuse était d'ailleurs parfaitement visible à l'œil nu, contrairement à Spoutnik 1 qui nécessitait des moyens optiques puissants pour être observé1.
Motivés par ce camouflet, les États-Unis durent encore subir l'humiliation du premier lancement raté du projet Vanguard le 6 décembre 1957, avant d'annoncer le 1er février 1958 le succès du lancement d'Explorer 1.